Ruisseau.

Je ne suis qu’un ruisseau dans le fleuve des mots
L’océan du langage est incommensurable
Ne coulent lors de moi que pauvres grains de sable
Pour se perdre à jamais dans ses profondes eaux.

Vont-ils dans quelque oreille recueillir un écho ?
Vont-ils au fond d’un cœur réveiller quelque chose
Éclore comme font ces boutons qu’ont les roses
Vont-ils à l’émotion apporter leur écot ?

J’ai cette envie de voir ce si troublant mystère 
Ce pouvoir qu’ont les mots lorsqu’ainsi ils éclairent 
Apportent à certains comme de la lumière 
Et qu’ils vont murmurer comme on dit des prières.

Je n’ai point cet orgueil de me voir reconnu 
Je préfère penser que je suis parfois lu
Ce sera très souvent par des gens inconnus
L’essentiel est pour moi que l’écrit leur ait plu.