Recul.

Les mots ne viennent-ils que dans la solitude
Ces mots que le poète poursuit par habitude ?
Ce ne sont des paroles que l’on peut prononcer
En présence de gens, elles peuvent s’envoler.

Est-ce donc d’être seul qui nourrit le poète ?
Où est-ce que les mots ne naissent dans sa tête,
Quand protégé des bruits que font trop ses semblables
Il parvient à extraire les mots de tout le sable ?

N’a-t-il besoin des deux ? La foule et le silence
Pour s’abreuver de mots, pour entrer dans leur danse ?
Des bains de leur présence et de chaleur humaine
Aussi des parenthèses dans cette vie qu’il mène ?

Être dedans, dehors, partager, observer
Prendre un peu de recul pour comprendre et rêver 
La valse du poète n’a ainsi d’autre fin
Que se nourrir de mots et apaiser sa faim.

Il regarde la mer et aussi les bateaux
Il regarde le ciel, de la terre les maux
Homme parmi les hommes, il est de leur troupeau
Quand bien même il s’égare et qu’il y joue sa peau.