Radical.

Prendre un jour la tangente, faire tout à l’envers
De ce qu’on a appris et qu’il nous fallait faire,
Gagner, accumuler, se protéger de tout
Vaincre et dominer, se méfier de tous.

S’en aller pauvre et nu, dépouillé du fardeau
N’avoir que ses habits pour protéger sa peau
Et partir désarmé, aller à la rencontre
Des autres, ses semblables, sans la peur, ni la honte.

Sans autre prétention que de s’ouvrir à tout
Sans être pèlerin, ermite ou ascète 
Sans autre intention que au milieu de tout
Se sentir à sa place, être bien dans sa tête.

Passer inaperçu en ne menaçant rien
N’être pas envié car n’ayant aucun bien.

Mais qui peut accepter de n’être qu’un vaurien
Au regard de ces hommes qu’on dit hommes de biens ?
Mais qui pourrait choisir et de gaieté de cœur 
D’être en solitude sans accès au bonheur ?

Qui va tout rejeter des sociétés humaines
En disant que seule est bonne la vie qu’il mène ?
Plutôt que faire choix d’une voie radicale
Ne peut-on préférer un modeste idéal ?

Primum non nocere me parait quant à moi
Pour tout être humain être le meilleur choix.