Pour aller bien plus haut.

Je m’agrippe aux mots pour trouver un chemin
Pour aller bien plus haut que la cime des pins
Qu’ils m’emportent très loin au gré de leur humeur
Faite d’or, de grains, de plumes ou de fleurs.

Tantôt ils sont échelles, tantôt tapis volant
Parfois ils font des chaînes plus fortes que le
Vent
Ou bien ils dégringolent et me laissent pantois
Gros jean comme devant, la plume au bout des doigts.

Je ne sais point le sort, qu’alors ils me réservent 
Foin de ma volonté, il faut que je les serve.
Je les cajole un peu mais c’est peine perdue
Sur les sentiers qu’ils suivent souvent me suis perdu.

Je connais des poètes qui ont dompté les mots
De ces lions dans la cage, ils en ont fait des veaux
J’ai parfois l’impression en ce qui me concerne
Que je suis dans la cage et que les mots me cernent.

Je me plie, je me tord selon leur fantaisie
J’aime boire les mots, comme de l’ambroisie
À en perdre la tête, à me laisser griser
Je préfère leur céder, que les voir se briser.