Point trop savante.

J’aime la poésie qui n’est point trop savante 
Lorsqu’elle n’abuse pas de formes chantournées,
Quand elle a choisi d’être d’abord chantante 
Qu’elle ne va me perdre jusqu’à m’en détourner.

Quand elle va sans hâte tout droit à l’essentiel
Sans s’égarer jamais dans trop d’artificiel 
Quand elle vient ouvrir les portes de ce ciel
Où le cœur comme l’âme vont faire leur miel.

J’aime la poésie légère mais profonde
Qui s’habille de forme pour être plus féconde 
Sans rien sacrifier par excès de faconde
Pour dire le meilleur et le pire du monde.

Quand elle parle au cœur pour toucher la raison
Quand elle n’oublie pas l’amour dans sa maison
Quand elle sait épouser avec joie les saisons
Comme tourner des hommes l’orgueil en dérision.

J’aime la poésie qui s’adresse aux gens
Sans dresser les barrières de culture ou d’argent 
Qui leur dit sans détours les beautés de la vie
Et leur dit que l’amour dépasse leurs envies.

Quand elle montre bien tout ce qui est précieux 
Et cette vanité de se croire des dieux
Quand elle ne cache rien des horreurs, des laideurs
Dont l’homme est coupable à travers ses erreurs.

J’aime la poésie qui chante aussi l’espoir
Qui rappelle le prix de toutes nos mémoires 
Qui n’efface rien des travers de l’histoire
Qui dit à tous la vie vaut bien plus que la gloire.

Quand elle vient célébrer la femme et l’enfant
Quand elle met en valeur les meilleurs sentiments
Quand elle dit à tous en un mot comme en cent
Qu’elle se sert de l’amour comme d’un talisman.