Plus rien à dire ?

N’ai-je plus rien à dire, ni questions à poser ?
Devrais-je à présent la laisser reposer 
Cette petite voix qui sans cesse chuchote
Saisis-toi de ta plume, dis leurs ce qui t’importe.

J’ai déjà tant écrit sur tant, tant et tant de choses
Plutôt en poésie car je suis nul en prose.
Dois-je me répéter au risque de lasser
Ne suis-je pas déjà moi même dépassé ?

La langue s’appauvrît, l’émotion est primaire
C’est toujours ce qu’ont dit les anciens des modernes.
Ne suis-je devenu qu’une vieille baderne
Pour déplorer aussi de leurs mots le vulgaire ?

Plus jeune je croyais à la fin des crapules
Que l’homme deviendrait sage et bienveillant.
Je ne vois à présent qu’inquiétants crépuscules 
L’humanité en perdre tous ses espoirs d’avant.

Lors que mes grands parents avaient vécu le pire
Et avaient sur la fin vu tout s’améliorer 
Je suis moi un vieillard qui voit du mal l’empire
Quand mon enfance fut d’amour auréolée.

Me restent ici et là quelques coins de nature
Où garder l’illusion d’un monde préservé. 
Aussi quelques amis d’anciennes aventures
Avec lesquels pouvoir d’un avenir rêver.

Ai-je encore le désir de vieillir davantage
D’être un Mathusalem accablé d’un grand âge ?
Si c’est pour voir le monde à ce point dépérir 
Si se confirme plus un si sombre avenir ?

Je n’ai que le présent pour me réjouir encore
Le printemps revenu qui parcourt tout mon corps
Le sourire de l’autre pour éclairer mes jours
La fleur de pissenlit, le chant du troubadour.