Piédestal

Publié le 03 août 2025 moins d'une minute de lecture 7 lecture
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Ha ! S’il m’était donné d’avoir autant de verve
Que n’en avait Victor dans toute sa superbe
Si j’avais ce talent tout en alexandrins
De célébrer de même les dieux et les zinzins,

Cette facilité d’écrire sur Castor et Pollux
Qui lui était familière, quand pour moi c’est un luxe
Ce souffle que l’on sent dans chacun de ses vers
Comme s’il embrassait chaque instant l’univers,

Ce style que je sais hélas inimitable
Mais dont lui seul, je crois, était capable
De nous faire trembler comme des misérables 
Moquer Napoléon le petit, le minable,

Moi je suis un zinzin, des poètes un copain
Je ne voudrais en rien, lui disputer son pain
Je lui laisse l’épique, je garde le comique
Lui cède l’héroïque, tout ce dont il se pique,

Je fréquente une cour, qui préfère aux discours
Aux envolées lyriques, des propos sans détours 
Aux rêves de glorioles, aux tragiques destins
la franche gaudriole, de plus joyeux festins.

Alors monsieur Victor, sur votre piédestal
Vous trônerez longtemps, sans avoir de rival
Je choisis de m’asseoir, pour ma part, dans un cercle
Avec tous les zinzins, qui tiennent table ouverte.
Pierre Jean Boutet - Logo
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