Pas dans La Pléiade

Je suis écrivaillon qui se voudrait artiste
N’est-ce une illusion, par tous mes tours de piste
Un jour je suis joyeux, un autre je suis triste
J’écris tant de poèmes, que je n’en tiens la liste.

Un déluge de mots pour noyer mes tourments
Je ne triche ou ne mens, ça j’en fais le serment
Même si je me perds parfois en errements
Dans tout ce que je dis, on se perd rarement.

Suis-je pour autant poète, à travers tous ces signes 
De cette appellation, en suis vraiment digne ?
Ce serait, je le dis, pour moi honneur insigne
Si vous aimiez le vin qui coule de ma vigne.

Vous m’adressez des mots toujours aussi aimables
À lire chaque jour mes textes et mes fables.
J’aimerais vous pouvoir inviter à ma table
Tant vous êtes à mes yeux des personnes affables.

Je ne suis qu’un jongleur parfois assez habile
Pour faire oublier que je cède au facile.
Je ne travaille point, ni ne fais trop d’effort
Pour aligner ces mots qui sont mon réconfort.

Aussi je ne prétends à quelque récompense 
Je ne suis en concours avec aucun je pense.
Je ne serai jamais connu de La Pléiade
Je me contente assez de quelques galéjades.