Partir en chasse

Marcher ce n’est souvent qu’un acte sans raison
Autre que de penser hors de toute pression.
Quand le rythme du pas apaise les tensions
Tant il s’accorde bien à la respiration.

Tout l’effort que l’on fait prend lors beaucoup de place
Le sang bat aux tempes et vient rougir la face.
Le regard lui s’attarde sur le sol du chemin
Pour éviter l’obstacle, et avancer plus loin.

Au bout de quelques temps, c’est un automatisme
Marcher n’exige plus d’attention soutenue.
Se met alors en place, un autre mécanisme 
Celui de nos pensées dans l’esprit détendu.

Tout en devient plus clair, grâce à l’oxygène 
Qui vient bien irriguer nos neurones à la peine.
On examine tout, avec l’esprit serein
Comme si un ami nous prenait par la main.

Ce n’est pas à sa table que le poète rêve 
C’est sur tous les chemins qu’il arpente sans trêve. 
Il arrive à sentir au plus profond de lui
Des mots bien attirés par son esprit qui luit.

Je m’en vais donc marcher comme on part en chasse
Pas besoin de fusil pour mener cette traque
Je n’ai plus qu’à guetter non des vols de bécasses 
Mais les mots esseulés dont je connais les marques.