Paradoxes.

Étrange paradoxe que de vouloir écrire 
Dans mille poésies de vouloir tout vous dire
Et pour y arriver de connaitre le monde
Mais de s’en isoler pour qu’elles soient fécondes.

Étrange aventure que d’être écrivain 
De vouloir témoigner de la réalité,
Mais de construire en rêve l’histoire imaginée 
Sans lequel cet effort se révèlerait vain.

Choisir dans les gravats qui encombrent nos vies
Quelques briques jolies, quelques pavés fleuris
Pour mieux bâtir nos vers, pour qu’ils tiennent debout
Pour brûler la chandelle s’il faut par les deux bouts.

Il faut être dedans, il faut être dehors
Faut voyager sans cesse de l’un à l’autre bord.
Et puis fermer les yeux dès lors que le jour baisse
Comme les ouvrir grands quand l’homme hélas s’abaisse.

Quel drôle de parcours qu’a celui qui écrit 
De n’avoir que de l’encre pour dire tous les cris
De n’avoir que la page pour raconter la vie
Et n’avoir que des mots pour qu’elle ne soit trahie.

Quel surprenant chemin vers son alter ego
Que vouloir de la vie lui renvoyer l’écho 
De ses propres émotions à travers ses propos
En murmurant des mots qu’on sent à fleur de peau.