Les mauvais augures.

Je suis le troubadour à la sombre figure
Celui dont tous les vers crient au mauvais augures 
Ne pouvant oublier les ombres qui se profilent
Qu’il voudrait conjurer par des mots bien fragiles.

Je suis de ces poètes qui ne veulent d’œillères 
Qui ne s’attardent pas sur les bonheurs d’hier,
Qui regardent en face en tremblant les menaces,
Tant pis si mes propos pour certains vous agacent.

Je suis à ces malheurs un impuissant écho 
Qui craint un jour d’entendre comme à Jericho
Le chant de ces trompettes qui annoncent la chute
Tant j’en vois parmi nous abandonner la lutte.

Je sens tout au dessus l’épée de Damoclès 
Celle qui en tombant aucun espoir ne laisse.
Personne pour trancher pour nous le noeud  gordien 
Qui de l’humanité est encore gardien ?

Je suis de ces Cassandre avec leurs prévisions
Bien trop peu pour y croire, d’où ma consternation.
La portée de mes mots ne laisse d’illusion
Le sort en est jeté, au diable la raison !