Les entends-tu crier : Grand dieu !

Jeune adolescent de banlieue 
Qui n’a connu que la galère 
Grandi sans père avec ta mère 
Les entends-tu crier : grand dieu !

Tu as poussé comme un brin d’herbe
Dans l’asphalte ou le bitume
Du français tu connais des verbes
Mais pas ceux d’Hugo, je présume.

Tu as toujours vécu en ville
Dans des quartiers sans horizon 
A part des barres de béton 
Comment y vivre un peu tranquille ?

L’ennui dévore ta jeunesse
A part taper dans un ballon
Avec d’autres en perdition 
Sans que jamais cela ne cesse.

T’investir plus dans tes études 
Pour avoir un métier plus tard ?
Mais tu as déjà pris l’habitude
De fumer des joints c’est trop tard.

Tu vois le jour dans ta cité 
Les caïds dans leurs grosses caisses
Argent facile, tu te baisses 
Suffit de faire ici le guet.

Qu’as tu d’autre comme modèle 
Ceux de l’école te parlent pas
A quoi peux-tu rester fidèle 
Au vu de ta vie ici-bas ?

Quand un grand barbu en turban
Te dis qu’Allah et le Coran
T’ouvriront les portes du ciel
Tu crois leurs paroles de miel.

Jeune adolescent de banlieue 
Comment te sentir comme ceux 
Qui naissent dans les cœurs de ville
Et coulent des jours plus tranquilles ?

On te dit France, droits de l’homme 
On te parle d’égalité 
De liberté, fraternité 
Tu vois pour toi ce que ça donne.

Tu leur fais peur car tu es la preuve
Que leur système ne marche pas
Tu mets leurs nerfs à dure épreuve 
Quand chez toi tu casses à tout va.

Tu te moques de la police
C’est pour toi celle des bourgeois 
Les sanctions sur ta peau elles glissent
Tu aimes trop les feux de joie.

Tu vas rester dans cet endroit 
Où tu penses faire ta loi
Mais réfléchis c’est une impasse 
C’est plus ailleurs que tout se passe.