Le proscrit

Il est parti un jour avec du coeur au ventre
Et la fleur au fusil il ne pouvait attendre
Le monde l'appelait et lui tendait les bras
On lui a dit au revoir, et puis bon débarras.

On ne l'a pas aimé cet enfant de nulle autre
On l'avait recueilli car quoi donc faire d'autre
On l'a juste nourri, donné l'éducation 
Mais jamais dans ses bras serré cet enfançon.

Il a grandi tout seul, franchit bien des épreuves 
Être en tout le meilleur, ainsi faire ses preuves
Il a fait des jaloux le petit rien du tout
Aussi dès qu'il l'a pu, lui il a mis les bouts.

Il est parti bien loin avec la peur au ventre
Mais très déterminé il ne saurait attendre
Le monde était ouvert pour y tenter sa chance
Il avait malgré tout en lui un peu confiance.

Au cours de ses voyages il a vu bien des ciels
Découvert que les hommes n'étaient pas tous cruels
Au cours de ces rencontres son coeur a pu guérir 
Il a compris qu'aimer était mieux que souffrir.

Il a grandit en force, devenu très capable
Il s'est même enrichi au cours de ses voyages
Quand devenu vieux, de retour au village 
On ne l'a reconnu cet homme respectable.

C'était force courbettes pour avoir ses faveurs
De longs salamalecs pour lui dire, sincères
Qu'il serait accueilli ici à bras ouverts
S'il consentait bien sûr à rester à demeure.

Il les a regardé tous ces gens qui jadis
N'avait à son encontre que reproches et cris
Il leur a dit c'est moi le petit, le proscrit
Celui là qu'autrefois vous avez tant meurtri,

Je ne suis revenu que pour vous pardonner
En espérant que vous vous saurez mieux donner
Que vous regarderez désormais vos prochains 
Que comme ceux demain qui vous rendront la main.

Ils se sont regardés avec un air contrit
Puis alors tous ensemble ils ont bien applaudi
Ont reconnu leur faute et leur méchanceté 
Ont promis qu'ils seraient empreints de charité.

Alors leur a-t-il dit j'ouvre un orphelinat
Au cœur de votre ville où il n'y en a pas
J'amène avec moi tout plein de petits gars
Auxquels j'en suis bien sûr vous tendrez tous les bras.