Le fond de la bouteille

Comme lorsqu’il atteint le fond de la bouteille
Qui ne sera surpris quand la source tarie ?
Que coule le nectar, la vie paraît merveille
Tout est beau, tout est bon, puisqu’elle nous sourit.

Pour tout cœur ici-bas les jours lui sont comptés 
Et pour tout cœur qui bat l’angoisse va monter
Au fur et à mesure qu’il approche du terme
Que les poils se hérissent, que l’espoir est en berne.

Pour le poète aussi la grande peur existe
Que l’abandonne un jour sa belle inspiration 
Que sa muse boudeuse lui tourne alors le dos 
Qu’il n’entende chanter mi fa sol la si do.

Il craint tous les prémisses de cette panne sèche 
De devoir pour ses vers s’en aller à la pêche 
Que chaque mot devienne comme un dur combat
Que l’émotion le fuit comme biche aux abois.

Tant que jaillit pour lui l’image ou l’idée 
A partir de laquelle il s’en ira broder
Il repousse cette ombre, il la chasse très loin
Bien qu’il sache très bien qu’elle est là, dans un coin.