L'ascension

Publié le 03 août 2025 3 minutes de lecture 6 lecture
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Je suis au pied de l'arbre, rugueuse est son écorce
Son sommet se perd loin au delà de ses branches
J'entends rire mes copains, ils disent que je flanche
Pour gravir ce géant aurais je assez de forces ?

Du haut de mes dix ans, jouant sur ce théâtre 
Les aiguilles à mes pieds font un tapis brunâtre 
J'attaque l'ascension, je suis un imbécile
Je trouve bien les prises, la montée est facile.

Je commence à voir là, au dessous de moi
Le sommet des autres arbres et là j'ai un peu froid
Quand je baisse les yeux, que je regarde en bas
Tout tourne autour de moi, je serre bien mes bras.

Je les vois s'agiter mes camarades au sol
Ils crient fait gaffe aux pies, ils se moquent de moi
Je suis paralysé comme si j'avais d'la colle
Aux mains et aux souliers plaqués contre le bois.

Je ne peux plus descendre, je suis tétanisé
Les copains crient descend, nous on s'en va jouer
Ils croient que je m'amuse et que je veux crâner
Tout seul en haut de l'arbre, un objet de risée.

Autant qu'il m'en souvienne, je suis resté longtemps
Alors que la nuit tombe je pense aux parents
Comme ils vont s'étonner, je ne suis pas rentré 
A l'heure pour manger, je crains d'être grondé.

Les heures qui s'écoulent je ne les ai comptés
Mes membres s'engourdissent, je ne peux plus bouger
Voilà que des lumières bougent entre les pins
Et que des voix appellent, où es tu donc gamin ?

De ma voix enrouée je crie que je suis là
Je n'ai plus qu'une peur qu'on ne me trouve pas
Bientôt au pied de l'arbre une troupe se forme
Il est là haut je crois dit une grosse voix d'homme.

Quelqu'un monte alors et bientôt je le vois
C'est le garde champêtre, un forestier je crois
Il me dit doucement accroche toi à moi
Ferme aussi les yeux, ai confiance en moi.

Je ne me souviens plus comment suis descendu
Une fois arrivé, fatigué et tremblant
Quelqu'un m'ouvre ses bras, c'est ma chère maman
Elle me dit en pleurant on te croyais perdu.

Je ne l'ai jamais dit pourquoi j'étais monté 
J'ai juste expliqué que je voulais explorer
Un nid que je voyais tout là-haut bien perché
Où il y avait je crois, des oiseaux nouveaux nés.

De ce jour les copains ne m'ont plus embêté
Ils avaient apprécié que je ne cafte pas 
Y en avait pas beaucoup qui y serait monté 
Tout en haut de cet arbre, ils saluaient l'exploit.

La morale de l'histoire c'est que l'enfance est fière 
De faire des bêtises dont elle n'a pas conscience
On en tire des leçons pour notre vie entière 
Mais pour cette sagesse il faut un peu de chance.
Pierre Jean Boutet - Logo
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