La goutte et le vase

Chaque fois que l’on dit plus jamais de tout ça 
Chaque fois on est sûr, ça recommencera 
On voudrait que Ghouta soit la dernière horreur
Mais il n’est jamais plein le tonneau des malheurs.

En voyant cette ville agonie sous les bombes
En voyant ces enfants qui tous les jours y tombent
Mais quelle est donc la goutte, et où est donc le vase
Que tout ça nous dégoutte, que tant Bachir pavoise.

Quand la diplomatie n’est plus que jeu de dupes
Quand les pays frileux se cachent sous leurs jupes
Quand les armes sont seules à donner de la voix
Quand les peuples sont broyés, et bafouées les lois,

Quand les plus hauts principes se voient foulés au pied
Quand toutes nos valeurs y sont tant bafouées 
Comment croire encore à la démocratie 
Quand la loi du plus fort, s’y affiche ainsi ?

Quand les monstres nous narguent, que les chefs d’Etat nient
Quand femmes et enfants meurent sous nos yeux ébahis 
Qu’on veut nous expliquer qu’il n’y a rien à faire
Que le monde hélas laisse place à l’enfer,

Mais ces hommes qui souffrent et ces enfants meurtris
Lorsqu’ils viennent chez nous, c’est rentrez qu’on leur dit
Combien il est facile, derrière nos écrans 
De verser quelques larmes par pur soulagement.

Les puissants la connaissent cette grande faiblesse
Cette peur que l’on a, d’être aussi en détresse 
Ils sont assez cyniques, eux disent assez lucides
Pour savoir malgré ça, qu’on restera placides.

Aujourd’hui c’est Ghouta, hier c’en était une autre
Demain qui ce sera, peut être une des nôtres 
Tant qu’elle ne croira qu’à la force des armes
L’humanité se condamne à verser plus de larmes.