La faim.

De quoi se nourrit-on sinon de nos désirs ?
À point n’en éprouver, où serait le plaisir ?
Nos faims, mêmes ordinaires, exigent de mourir 
Nos faims, mêmes subtiles, veulent toutes aboutir.

Du fond de nos cellules monte un appel pressant
Du moindre des globules qui flotte dans le sang.
De notre éducation naissent d’autres besoins
Qui peut dire qu’un jour il en verra la fin ?

À quoi aspire-t-on ? À la satisfaction.
Sauf chez quelques esprits, où le corps est prison.
La course est permanente pour un apaisement
Impossible à atteindre, on a faim tout le temps.

Cet homme affamé est en chacun de nous
Qui n’en veut toujours plus ? N’est-ce moi, n’est-ce vous ?
On va tout dévorer la terre et nous mêmes 
C’est cette faim d’abord qu’on nourrit et qu’on aime.