Indécence

N’y-a-t-il quelque indécence à parler de bonheur
Quand sont autour des signes de violence et d’horreurs ?
À montrer la beauté dans son incandescence
Quand la laideur partout s’installe et avance ?

Ne serait-ce pas là, actes de résistance
Pour dire haut et fort ce qui est dans la balance :
Un monde qui se plie à de tristes exigences
Ou un monde où l’amour a enfin pris son sens ?

À quoi bon dénoncer tout ce que chacun voit,
À quoi bon s’écrier : c’est la mauvaise voie !
N’est-il pas préférable de louer le meilleur
Et de donner à voir ce qui réjouit le cœur ?

Dire aux hommes aimez-vous et donner vous la main
C’est la bonne façon de préparer demain.
Cultivez votre Terre, faites en un jardin
Où pousse bien le blé et vont jouer les daims.

Proposer la beauté, la bonté, par leur seule présence
Elles peuvent chasser le laid et la violence.
Chanter sans se lasser toutes formes d’amour
Pour éloigner les ombres qui pèsent sur nos jours.

N’est ce là des conseils qui semblent bien tardifs ?
À l’usage ils semblent bien faibles et naïfs,
Devant cette noirceur qui envahit le monde
Dont témoignent les gens presqu’à chaque seconde ?

Quel autre bouclier pourtant à opposer
À cette évolution, que pourrait-on oser ?
La force bienveillante contre tous les tyrans ?
Qui la fera ensuite bien rentrer dans le rang ?

Hélas l’homme est faible à toute tentation
Le pouvoir et l’argent à tout coup le corrompt
Une fois que ce diable est sorti de sa boîte
Alors la voix du pire n’est muette ni coite.