Hors des voies coutumières.

Qui ne s’est pas risqué hors des voies coutumières 
À suivre au hasard des traces buissonnières 
Au gré de ses humeurs lorsqu’elles sont folâtres 
Il court après ses rêves comme ferait un pâtre.

De sentes traversières en pistes effacées  
Qui n’aimerait ainsi s’en aller cheminer
Sans idée préconçue et sans but avoué 
Pour se laisser surprendre par des lieux oubliés.

Comme s’il se trouvait aux premiers temps du monde
En des endroits restés pour toujours inviolés 
Des prés et des forêts où la vie est féconde 
Où l’homme n’a jamais jusque là mis les pieds.

Combien je souhaiterais être à cette image
Pouvoir m’aventurer sur de nouvelles pages
Où personne jamais n’a ni su, ni songé 
À tracer quelques signes qui ne soient mensongers.

Pouvoir enfin écrire sur de nouveaux sujets
Des textes qui ne soient plus de simples projets
Sans prétendre étonner, non plus chercher à plaire
Juste arriver à dire des choses extraordinaires.

Mais j’ai beau m’éloigner de plus en plus des livres
Pour qu’enfin ma pensée se forge et se délivre 
Pour ne plus ressentir en moi ces influences
Qu’on sent dans tous ces mots dont j’use en conscience,

Je me retrouve hélas sur des sentiers battus 
À exprimer des choses toutes un peu rebattues
Je ne trouve la clef qui m’ouvrira les portes
Vers ce monde oublié que je sens et je porte.