Heureuses fulgurances.

Heureux soit le poète qui dans une existence
A pu faire la preuve de quelques fulgurances
De ces vers qui souvent sont cités en exemple
Restant dans les mémoires que l’on partage ensemble.

Ils ont été soudain inspirés par la muse
Qui à ce jeu cruel bien souvent les amuse,
Leur laissant entrevoir l’espace d’un instant 
Quelque réalité située hors du temps.

C’est un trait de lumière comme un coup de poignard 
Un éclair de génie au milieu du brouillard
Une formule heureuse jaillit sans traquenard
Quelques mots associés par le jeu du hasard.

Combien faut-il écrire de vers bien convenus
D’histoires aux effets un peu trop attendus
De tableaux décrivant des choses déjà vues
De passions sulfureuses en mêlant des corps nus ?

Avant que de voir naître sous ses doigts déjà las
Un tout petit miracle qui luit comme un éclat 
Une poussière d’or au milieu des graviers
Un de ces diamants bruts qu’on extrait du pierrier.

J’attends mais est-ce en vain un vers impérissable 
Qu’importe si mon œuvre s’envole comme sable
Une formule, une ! écrite en lettres d’or
Qu’importe si l’oubli m’ensevelît alors.

Pasteur vainquit la rage, Rodin fit le penseur
Hugo les misérables, Camus craignit la peste
Voyez comme un seul mot résonne dans nos cœurs 
Que l’on m’offre ce mot, je me moque du reste !