Fontaine.

Pendant combien d’années ai-je avalé des mots
Par centaines et milliers sans jamais de repos ?
Puis un jour, sans comprendre, suis devenu fontaine
Fontaine pour les mots jusqu’à en perdre haleine.

Depuis quand je m’assieds aussitôt ils me viennent
Accourant pour jaillir tout au bout de mes doigts
Cela fait bien quatre ans autant qu’il m’en souvienne 
Qu’ils font la sarabande et se sentent à l’étroit.

Car ils veulent voler, ailleurs que dans ma tête 
Car ils veulent vibrer, ailleurs que dans mon coeur.
Ils veulent partager avec tous peurs et fêtes 
Ils veulent aller danser avec d’autres joueurs.

Alors je suis fontaine qui libère leur flot 
Alors je suis des sources d’où coulent tous les mots
Venez vous abreuver, s’il faut à satiété 
Demain serez fontaines pour d’autres assoiffés.