Fantômes

Une larme de cire coule sur la chandelle
Elle vient s'ajouter alors à toutes celles
Qui au long de la nuit ont rempli les coupelles
De toutes les bougies au fond de la chapelle 

Silhouette courbée devant l'autel de marbre
La tête est penchée, aux côtés est un sabre
Le tout est immobile comme serait un arbre
Sur toute cette scène plane un air macabre. On 

Si l'on s'approche un peu en gardant le silence
On aperçoit alors devant elle un cadre
L'image d'une femme toute pleine de grâce 
Sourit sur un bateau au milieu d'une escadre.

Les épaules de l'homme tressautent bien un peu
Comme si des sanglots venaient du malheureux
Alors à pas comptés on se retire au mieux
Afin de ne troubler le calme de ce lieu.

Dehors l'aube qui pointe dissipe bien les ombres
Au cœur de la chapelle pourtant tout reste sombre
Comme si la malédiction planait autour des tombes
Empêchant pour longtemps que le malheur retombe.

Au village on me dit que j'ai tout inventé 
Que la chapelle est vide que tout y est ruiné 
Elle fut bâtie dit-on il y a bien des années 
Par l'officier de marine qui s'y était marié.

On n'a jamais revu ce couple fortuné
La rumeur a parlé qu'ils avaient naufragé
L'officier de marine et sa belle fiancée 
A l'aube un beau jour avec leur nouveau-né.