Devises.

« Mens sana in corpore sano », que c’est beau
Quelle belle devise pour cet an dit nouveau !
Pourtant à y bien voir plus nombreux sont les gros,
Se multiplient aussi, je le crains, les idiots.

La belle société que nous avons construite
À quoi donc aujourd’hui la voilà donc réduite !
À consommer toujours plus de sucre et de sel
À se vautrer devant des écrans sans cervelle.

Du temps des beautés grecques et des travaux romains
Ceux qui lors savaient lire et mangeaient du bon pain
Pouvaient bien se complaire à ces vers en latin,
Mais aux travaux des champs ils ne donnaient la main.

C’était des gladiateurs dont on vantait les corps
Et des tribuns romains qu’on louait les discours.
Je crains que les premiers s’ils étaient bien en cour
Goûtaient de ces seconds, les habiles accords.

Parmi les orateurs combien étaient très gras
N’ayant hors l’écriture l’usage de leurs bras.
Parmi les combattants combien étaient lettrés
Hors lire les consignes qu’on devait leur donner ?

N’en sommes nous pas là ? À l’époque actuelle ?
Quelques beaux intellos pour meubler les salons
De superbes sportifs comme autant d’étalons 
Et la masse du peuple, gros et gras à la pelle ?

« Panem et circenses » voilà la vraie devise
Celle des gouvernants et la seule permise.
Pour gouverner les gens, faites qu’ils soient contents 
Le ventre bien rempli et peu intelligents.