Des esprits polissons.

On en connaît beaucoup, de ces fiers bateleurs
Camelots très bavards, furieux batteurs d’estrade 
Moi je n’en connais qu’un, qui soit si plein d’ardeur
Dont le trait de crayon en dit long camarade !

Il nous dit travailler, le moral des méninges
A coup sûr je le crois, quand il lave nos linges
Les dessous peu glorieux, de notre société 
Voyez combien impitoyable, il sait bien les plumer.

Cinquante ans de nos vies, en quelques albums brossés 
Des milliers de dessins qui ne sont dépassés 
Voyages doux-amers dans toutes ces années 
Depuis notre jeunesse, jusqu’à ce jour qui naît.

Je l’ai croisé deux fois, il y a bien longtemps 
Les trottoirs de Paris, il hantait en ces temps
Exposant ses cartons, les offrant à tous vents
Le sourire était clair, et le regard perçant.

Aujourd’hui j’ai envie de lui rendre hommage
Attendre plus longtemps ce serait trop dommage
J’incline, je le dis, vraiment bas mon chapeau
Devant ce grand artiste, qui dit tant sans les mots.

Ma plume à son crayon, rêverait de s’allier
Simplement sans façon, sur un bout de papier
Pouvoir à l’unisson, marier image et son
Nos esprits polissons, en perdraient la raison.