Déambulateurs.

Bientôt toute une vie pour comme un dévot
Rêver d’atteindre enfin cet âge dit pivot. 
Trimer en attendant, toujours comme un bourrin
Rêvant d’y parvenir, du moins sans tour de rein.

Voilà pour le bon peuple un projet exaltant 
Profiter de la vie quand on n’a plus de dents.
Voilà l’eldorado de ces conquistadors
Qui auront tous fêté au moins leurs noces d’or.

Il faudra néanmoins pour retraite complète 
Avoir bien travaillé et tout ça d’une traite.
C’est la répartition des quelques picaillons
Que tous les travailleurs donnent à la nation.

Les plus riches quant à eux seront plus épargnés 
Pour pouvoir leurs cotis mieux capitaliser.
Les entreprises elles sont enfin soulagées 
De leur contribution de solidarité.

Seraient-ils les français, fainéants, fatigués ?
Pour tous rêver ainsi de très tôt s’arrêter ?
Que nenni mon ami ils sont juste excédés 
Par un gouvernement qui voudrait les spolier.

Nous avons tous besoin de retraités solides 
Qui soient encore assez énergiques et valides
Pour aider sans faillir, en soutiens de famille
Et investir leurs forces en campagne et en ville.

N’auraient-ils pas sucé quelques grains de pavot
Pour avoir inventé cet âge dit pivot.
S’ils voulaient engager des réformes paisibles
Je crois que c’est raté, tout comme l’est leur cible.

Je ne le dis pour moi, j’ai déjà fait retraite 
Mais pour tous ceux après parce qu’on les maltraite
Car au train où ça va les déambulateurs 
Seront indispensables à leurs vies de labeur.