De cœur à cœur.

Ne faut-il être esthète pour célébrer les formes
Et dire parmi elles qu’il en est de difformes ?
Pourtant par ce regard qu’ont forgé les années 
N’est-ce pas la nature que l’on va déformer ?

La question est posée pour ce qui est du beau 
La beauté quelle est-elle, y-a-t-il quiproquo ?
Est-elle vérité ou affaire de mots ?
N’est-elle bien que celle qu’on voit dans les journaux ?

La beauté orientale, toute en volupté 
Ou bien la beauté grecque et ses courbes sculptées ?
La beauté d’un visage buriné par les ans
La peau lisse et bombée d’un corps adolescent ?

Oh valeur éphémère qui las devra faner.
À moins qu’on en accepte la fin qui est donnée 
Elle n’est illusion le temps de son éclat 
Elle n’est déception que pour qui nie cela.

Je veux être l’esthète de ces beautés cachées 
Sous la couche traîtresse que posent les années.
Quand c’est de coeur à cœur que l’amour est donné 
Et non de corps à corps qu’il reste prisonnier.