Dans lornière.

Quand viendra ce moment où tu auras compris 
Ce que vivre veut dire et que tout a un prix
Où tu n’auras de doutes sur ce qu’était ta place
Où tu auras cessé de te voir dans la glace 

Alors ce jour peut être que tu verras ta peine
Tout soudain s’alléger tant la lutte est vaine
Qu’il est déjà trop tard pour encore jouer
Que tu n’étais pas plus qu’un très simple jouet.

Qu’il n’y a pas de honte à accepter ce rôle 
Tant tu n’as sur les choses que si peu de contrôle
Les anciens, pour le dire, évoquaient le fatum
Le destin qui s’attache ici-bas à chaque homme.

Moi je n’y croyais guère dans mes jeunes années 
Je riais quand quelqu’un parlait de destinée 
À présent que j’ai vu comment marchait le monde
J’ai compris quelles étaient nos places dans la ronde.

Selon où tu es né, quel pays et famille 
Tu n’auras même sort dans le grand jeu de quilles
Les dangers, la misère auront prise sur toi
Où tu demeureras à l’abri sous ton toit.

Tu peux bien te débattre ou fort te révolter 
Crier à l’injustice, d’y échapper le tenter
Sauf un heureux hasard contre les vents contraires
Tu suivras des chemins tous creusés dans l’ornière.