Dans la série sur les vieux objets familiers qui ont plus dimportance que celle quon leur accorde....

Publié le 03 août 2025 moins d'une minute de lecture 6 lecture
(0)
Canapé défoncé.

Dans un coin du salon il gît là, défoncé
Avec ses trois coussins de vieux cuir tout griffé
Il ne paie pas de mine cet ancien canapé 
Pourtant combien de nous, pour aimer s’y vautrer ?

Il ne ressemble en rien à ceux dans la vitrine
De ces grands magasins, qu’on vend à coup de primes
Ceux aux flancs rebondis et au cuir de couleur
Qui sont censés choyer nos fesses et nos douleurs.

Mais lui seul bien épouse, qui sait par quel miracle ?
Vos formes et vos os sans opposer d’obstacle. 
Tout comme s’il gardait au sein de sa carcasse 
La mémoire de nous, bien qu’on l’escaguasse !

On a été tenté un jour de remplacer 
Le meuble trop usé, se disant c’est assez !
Tandis que le récent ne sert que d’ornement
Sur le vieux canapé, on s’installe souvent.

Dans un coin du salon un peu loin des regards
Comme si on était honteux de ce vieillard, 
Gît fidèle et complice un sofa d’autrefois 
Qu’on garde et qu’on aime un peu par devers soi.
Pierre Jean Boutet - Logo
Connectez-vous pour noter ce poème, l'ajouter à vos favoris et créer des collections.

Commentaires (0)

Connectez-vous ou inscrivez-vous pour laisser un commentaire.

Soyez le premier à laisser un commentaire sur ce poème.