Artisan.

Le poète pour armes n’a c’est vrai que ses mots
Que ses pages blanches comme autant de drapeaux
Mais il a ce regard qu’il porte sur les choses
Pour en dire l’obscur ou bien l’apothéose.

Certes il vêt de costumes toute réalité
Mais c’est pour révéler toute leur vérité. 
Le tyran qu’il habille de traits fort ridicules
C’est pour le montrer nu quand tant d‘autres l’adulent.

La fleur que beaucoup croisent et passent sans la voir
Il va en sublimer l’éphémère d’un soir.
Le juste comme l’humble qui triment dans le noir
C’est par leur dignité qu’il va nous émouvoir.

Plus les mots seront simples sans effets inutiles
Plus leur sincérité pourra toucher les cœurs.
Plus Il enlèvera les voiles qui les cachent
Mieux on apercevra la clarté ou les tâches.

Mais c’est là un combat, le combat d’une vie
Pour parvenir à dire les choses telles qu’elles sont.
Sans céder toutefois à cette sourde envie
Que de se voir louer pour ce qui n’est leçon.

Le poète ne doit quêter de compliments
Et fuir les flatteries et les remerciements.
Il n’est au bout du compte qu’un de ces artisans
Qui n’ont d’autre ambition que d’être utiles aux gens.